L'Encyclopédie, immense recueil collectif de savoirs et plus importante entreprise éditoriale du siècle des Lumières, fut dirigée pendant près de 25 ans par Diderot. De grands traits profondément novateurs pour l'époque marquent cet ouvrage : entreprise collective d'abord, l'Encyclopédie fait appel aux savants, donc aux savoirs vivants et non plus seulement aux compilations livresques. Ensuite, elle intègre les "arts mécaniques" dans le cercle des connaissances : la description des arts et des métiers, impulsée par Diderot, l'inventaire des procédés de fabrication, des inventions techniques. Enfin, elle offre 11 volumes de gravures, car, selon Diderot, "un coup d'oeil sur l'objet ou sur sa représentation en dit plus qu'une page de discours". Mais, au-delà même de ces innovations, l'Encyclopédie fut avant tout un recueil critique : critique des savoirs, dans leur élaboration, leur transmission, critique aussi du langage, des préjugés véhiculés par l'usage, des interdits de pensée, de l'autorité et du dogme. Et de cette oeuvre, à laquelle sceptiques, huguenots, athées, voire pieux abbés ont collaboré, jaillit une véritable polyphonie. "Tentative d'un siècle philosophe" cet ouvrage, qui fut le plus surveillé et censuré de son temps, atteste de ce que furent les Lumières : l'appétit de savoir, la liberté de penser, le goût d'inventer et la nécessité de douter.